J’entends déjà les aficionados du double chevron et les accrocs du losange me jeter en pâture aux lions (Peugeot évidemment), mais avant de vous opposer dans une guerre sans merci entre l’ex citadelle de Billancourt et le parc André Citroën quai de Javel, laissez moi développer mon raisonnement.
En 1955, Citroën présente la DS, en totale rupture avec la Traction Avant qui avait connu une magnifique carrière de 21 ans, prolongée par les années de guerre.
En 1984, la publicité de la toute nouvelle grande berline de la régie évoque une espèce en voie d’apparition, et pour une fois la publicité n’est pas galvaudée. En effet elle aura la charge de remplacer deux modèles à l’esthétique mièvre chez Renault : Les R20 et R 30 qui ne parviendront pas à faire oublier l’ancêtre de toutes les berlines modernes : la R16.
Mais revenons à sa genèse pour mieux comprendre mon propos : La R25 est le fruit du dessinateur
Robert Opron, transfuge de chez Citroën, ancien disciple de Flaminio Bertoni . D’ailleurs il a participé au restylage de la DS (vous vous souvenez les phares en yeux de biche), ainsi qu’aux études de la SM., sorte de DS au superlatif.
Arrivé chez Renault, Robert Opron se fait la main sur le coupé Fuego, à l’esthétique encore pataude mais offrant une vraie proposition d’originalité dans le renouvellement du design des modèles de la Régie.
Souvenez vous nous sommes au début des années 80, et on est en pleine vogue du hayon bulle : généralisé sur la gamme Renault avec la Fuego, puis la R11, il sera magnifié sur la R 25.
D’ailleurs même les constructeurs étrangers s’y essaieront, et non des moindres, puisque Porsche l’intégrera magnifiquement sur la 924-944, ce qui vaudra à notre Fuego susnommée, le sobriquet de Porsche du pauvre.
Les américains s’y mettront aussi avec le duo Pontiac Firebird, Chevrolet Camaro, dont la ligne elle aussi très réussie sera rendue célèbre par une certaine voiture parlante : alias K2000.)
Mais revenons à notre 25 nationale et ses similitudes avec sa sœur ainée la DS.
La DS aura une carrière exceptionnellement longue de 1955 à 1975, la 25 ne fera pas mal non plus avec une jolie carrière de 8 ans de 1984 à 1992.
D’ailleurs si vous observez les lignes entre DS et 25, vous observez des similitudes dans l’équilibre de celle ci et dans la répartition des proportions entre avant et arrière.
Comme la DS, la 25 subira un restylage d’importance en milieu de carrière qui loin d’un simple replâtrage lui offrira un second souffle lui permettant de damer le pion à ses concurrentes françaises pourtant plus jeune 605 et XM.
Même dans sa carrière politique, la R25 est bien la fille illégitime de la DS, puisqu’elle remplacera dans la cour d’honneur de l’Élysée, les cohortes de DS noires.
Elle réussira même à faire la synthèse de la DS et la SM, offrant dans une grande berline spacieuse, une gamme de motorisation étendue d’un modeste 4 cylindres 2.0 à carburateur, à un prestigieux V6 turbo compressé de 205 chevaux. (un peu comme l’ID fille appauvrie – nous dirions décontentée aujourd’hui – de la DS, pour les classes moins aisées). A ce titre Renault aura l’intelligence de proposer deux avants différents, permettant aux PDG français de ne pas risquer de voir confondre leurs modèles V6 (ou Turbo DX sic) avec les plébéiennes 4 cylindres essence et diesel.
La DS aura ses exécutions et carrosserie spéciale Chapron, la 25 aura sa version Limousine, certes un peu moins équilibrée que la version originelle, mais produite à 805 exemplaires tout de même chez Heuliez à Cerisay.
Comme la DS, la 25 subira les affres de l’occasion peu chère et mal entretenue, avant de retrouver un regain d’intérêt auprès des collectionneurs de Youngtimers, notamment dans ses exécutions Baccara.
EBS, le carrossier belge qui œuvrait déjà sur la Supercinq, proposera break et cabriolet, le cabriolet sur base 25 est un exemplaire unique motorisé par le V6 injection.
Alors Citrointégristes, et Renaultistes acharnés, réconciliez vous, en reconnaissant que la R25 fut le dernier haut de gamme français réalisant des scores commerciaux d’envergure dans l’hexagone, 700.000 exemplaires, écoulés en 8ans, chiffres que n’atteindront jamais la trop fade Safrane et la trop décalée Vel Satis.
Le Rendez-Vous de la Reine remercie Paul GUY, auteur de ce billet. Illustrations: fonds iconographique RVR, opérateurs: Benoît, Pascalou & Sébastien