La saga des bulles.

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La saga des hayons bulles :

C’est en 1955 sur la très française Citroën DS qu’est apparue pour la première fois une bulle arrière donnant à l’auto une ligne  bicorps très en avance sur son temps alors même qu’elle conservait une malle arrière classique.
En 1970 cet artifice esthétique moderne sera transfiguré sur la SM avec une fonctionnalité de hayon ajoutée au caractère bubble-gum de la vitre arrière. C’est Robert Opron dont nous aurons l’occasion de reparler, le père de cette étonnante nouveauté.
En Grande-Bretagne, une timide tentative sera menée sur la confidentielle, Jensen Interceptor qui proposera aussi une autre originalité technique (innovation technologique?) avec la transmission intégrale dès 1966.

Mais ce sont dans les années 80 que la bulle arrière connaîtra son apogée dans tous les pays constructeurs d’automobiles
Renault et le hayon bulle : une grande histoire d’amour.

Première du genre chez le constructeur au losange, la Fuego que beaucoup de détracteurs qualifieront de 924 du pauvre à cause de ce hayon justement. Mais bien peu savent que son designer Robert Opron avait déjà sévi (œuvré) chez Citroën au côté de Flaminio Bertoni pour la rénovation (remaniement, modernisation?) de la Citroën DS et plus tard de manière beaucoup plus participative dans la réalisation de la SM qui possède évidemment un hayon bulle.
Cet artifice esthétique permettra de rendre plus moderne à peu de frais la R9 et de doubler la gamme avec la R11. Elle s’exportera (sera naturalisée américaine), assemblée à Kenosha chez AMC sous l’étrange patronyme d’Encore.
Mais son apogée sera atteinte chez Renault avec la R25, dont le méplat du hayon sera calculé avec le plus grand soin lui offrant un CX record de 0,28. A l’époque on évoquait encore cette valeur qui permettait de vanter les mérites des dessinateurs et accessoirement d’abaisser les consommations de carburant.
D’ailleurs la R25 a des proportions inhabituelles pour une grande berline puisqu’avec un arrière court et un avant long, elle singe des coupés grand tourisme ce qui lui donne une élégance qu’aucun des modèles hauts de gamme Renault ne sauront reproduire.
Chez Renault on reviendra timidement au hayon bulle avec les berlines Laguna II et Vel Satis dessinées par Patrick Le Quément.
Tout récemment la nouvelle  Alpine A110 cache son moteur sous un hayon bulle aussi.

1985, chez Peugeot, après la 205, ça bulle:
Que s’était il passé au bureau de style Peugeot, certains designers avaient ils abusé de boissons pétillantes telle la célèbre eau de source qui rendait fou?
Comme chacun sait, le constructeur Sochalien est un adepte des berlines tri-corps traditionnelles, pourtant durant les années 80, afin de succéder à la discrète 305, Peugeot cède aux sirènes du hayon bulle, certainement par pragmatisme. Ainsi, cette 309 (206, 300 et 308 avaient été envisagés) faisait partie intégrante de la fusion absorption des activités SIMCA Chrysler, Peugeot sortant d’un passe difficile, il était tentant d’intégrer à la gamme cette remplaçante des 1100 et Horizon.
Elle aurait du naître Talbot Arizona. Pour des raisons économiques, elle fût remaniée en intégrant des portes (pare-brise?) de 205, et conserva son hayon bulle. Comme souvent dans ce type d’opération, le démarrage commercial de la 309 fût laborieux, le réseau n’adhérant pas. La mal(le) aimée 309 proposait maladroitement en 1985 et dans un gabarit plus petit des proportions similaires à celle de la grande Renault 25. Elle conservait pour sa gamme basse les mécaniques SIMCA, et mécaniques Peugeot pour sa gamme haute.
Si elle fut effectivement le canard boîteux du groupe PSA, souvenons nous de la phase 1 avec la fameuse GL Profil munie des ses enjoliveurs « Full moon », sa phase 2 lui conférera beaucoup plus de personnalité, elle s’en tirera finalement avec les honneurs notamment avec l’appui de deux exécutions sportives GTI (permettant de s’offrir la mécanique de la 205 homonyme en 5 portes) et surtout GTI 16 soupapes.

Bilan de l’opération, 1 649 177 bulles produites de 1985 à 1994, dans trois sites différents Poissy en France, Madrid en Espagne et Ryton au Royaume-uni, pas si mal pour cette européenne. Elle laissera sa place à la fameuse 306 «Der Rival» qui constituera aussi un véritable succès, sans bulle.
Ailleurs en Europe
Partout en Europe le hayon bulle fait des émules, à la même époque que la R25, le trio SAAB-Lancia- Fiat offrira une amorce de hayon bulle sur les Croma Saab 9000.
En Allemagne nous n’oublierons pas d’évoquer les 924/944 qui sauront équilibrer leur dessin assez adroitement, la dernière évolution 968 corrigeant certains défauts.

Au Japon aussi
Le hayon bulle fera son apparition chez Toyota sur les Celica, Supra et inconnue chez nous Sera. Mazda l’adoptera sur les RX7 et RX8.
Même aux USA
La folie de la bulle a envahi les américaines, c’est ainsi que la ligne des Chevrolet Corvette C3 sera modernisée à peu de frais.
La fantastique Buick Riviera de deuxième génération reprendra elle aussi une remarquable lunette arrière bullée pour terminer la poupe de son auto en « boat tail »
Les amateurs de robots transformables auront remarqué que la vieille Camaro jaune Bumblebee a une amorce de bulle, à la surface largement augmentée sur la version suivante du duo Camaro Firebird, que tous les amateurs de K2000 connaissent bien.
Si le hayon bulle permettait d’alléger ou de moderniser visuellement des silhouettes, il offrait néanmoins quelques inconvénients, il lui arrivait parfois de casser sous l’effet de la chaleur, ou d’une fermeture de coffre un peu brutale. Les propriétaires de DS et de 25 en ont parfois fait les frais.
Il est également assez délicat à nettoyer notamment dans sa partie intérieure, les recoins latéraux étant difficiles à atteindre.

Le Site remercie  Paul GUY  pour cet article « pétillant ». Photos issues de la médiathèque RVR (opérateurs: Baboon, Benoît, Edgar, Pascalou et Sébastien).