François Mitterrand et le « gang des R25 »

L’actualité française en ce printemps 2022, c’est la période  électorale. Voici un bon prétexte pour évoquer un des fleurons de la production automobile nationale: la célèbre Renault 25.

Injustement oubliée lors de l’exposition des véhicules présidentiels à Puteaux, (cf articles « les Voitures Présidentielles »)  la R25 fût très associée au pouvoir socialiste des années 1980. Elle sera en effet la voiture de fonction favorite des hommes politiques français de gauche de cette période. On a ainsi, à l’époque, évoqué parfois « le gang des R25 » pour désigner les responsables socialistes. Le privilège de la présidence de la République offrant à François Mitterrand une version entièrement blindée de la R25 Phase II.

Néanmoins, elle fut aussi appréciée par des personnalités de droite: les R25 Limousine et V6 Turbo Baccara de Jacques Chirac. On le voit, sur une vidéo de l’Ina, venir avec la première au premier conseil des ministres de la nouvelle majorité le 22 mars 1986 et aller voter à bord de la seconde, couleur gris Tungstène, en 1995. 

En 1988, un coffret de 6 Renault 25 dont cinq avec la tête des principaux candidats, fut produit par Solido, intitulé « Élysée 1988, aux urnes Citoyens ». Ce fut juste avant l’arrivée des « Phase 2 » à la mi-1988. 

La R 25 fut le seul véhicule présidentiel à marquer durablement la rétine des téléspectateurs dans les défilés officiels, durant la longue carrière présidentielle de François Mitterrand

Mais revenons à sa genèse : La R25 est le fruit du dessinateur Robert Opron, transfuge de chez Citroën, ancien disciple de Flaminio Bertoni. D’ailleurs il a participé au restylage de la DS (vous vous souvenez les phares en yeux de biche), ainsi qu’aux études de la SM., sorte de DS au superlatif.

Arrivé chez Renault, Robert Opron se fait la main sur le coupé Fuego, à l’esthétique encore pataude mais offrant une vraie proposition d’originalité dans le renouvellement du design des modèles de la Régie. Souvenez vous nous sommes au début des années 80, et on est en pleine vogue du hayon bulle : généralisé sur la gamme Renault avec la Fuego, puis la R11; il sera magnifié sur la R 25.

Comme la DS, la 25 subira un restylage d’importance en milieu de carrière qui loin d’un simple replâtrage lui offrira un second souffle lui permettant de damer le pion à ses concurrentes françaises pourtant plus jeune 605 et XM. Dans sa carrière politique, la R25 est bien la fille illégitime de la DS, puisqu’elle remplacera dans la cour d’honneur de l’Élysée, les cohortes de DS noires.

La DS aura ses exécutions et carrosseries spéciales Chapron, la 25 aura sa version Limousine, certes un peu moins équilibrée que la version originelle, mais produite à 832 exemplaires tout de même chez Heuliez à Cerisay entre 1985 et 1986. Un modèle rallongée de cette R25 longue fut même restylée en phase II pour mettre l’Elysée à la page de l’évolution commerciale du modèle. Les cinéphiles à l’œil affuté pourront la voir furtivement dans la comédie d’espionnage « Opération corned-beef » d’Alain Poiré avec le duo Jean Reno, Christian Clavier.

Alors Citrointégristes, et Renaultistes acharnés, réconciliez vous, en reconnaissant que la R25 fut le dernier haut de gamme français réalisant des scores commerciaux d’envergure dans l’hexagone, 700.000 exemplaires, écoulés en 8ans, chiffres que n’atteindront jamais la trop fade Safrane et la trop décalée Vel Satis.

 

 

 

Texte et photos: Paul GUY. Mise en page: Atelier RvR. ♫